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En Californie, une université pour former aux métiers du cannabis

Créée il y a dix ans, la Oaksterdam University propose des cours de droit, d'histoire, d'horticulture et de commerce sur le cannabis. Elle a déjà formé 40.000 étudiants et organise des séminaires pour les autorités.

Le blason de l'université : des feuilles de cannabis dorés entourant un écusson vert.
Le blason de l'université : des feuilles de cannabis dorés entourant un écusson vert. (dr)

Par Anaïs Moutot

Publié le 15 oct. 2018 à 15:02

Poulet frit, hummus, crème brûlée, carrés au citron et ours d'or… Ce mercredi matin, « Aunt Sandy » passe en revue les secrets de fabrication d'une série de mets au cannabis devant une quarantaine d'étudiants. « Comment faire pour infuser un cornichon ? », demande un élève au deuxième rang, tandis qu'un autre interroge la professeur sur l'utilisation du ghi à la place du beurre dans ses cookies.

Ce cours de cuisine infusée à la marijuana ouvre la cinquième semaine de formation du programme créé par Oaksterdam University. Cette faculté située dans un ancien McDonald's d'une des rues branchées d'Oakland, dans la baie de San Francisco, propose l'un des rares cursus dédié aux métiers du cannabis. 40.000 étudiants sont déjà passés sur ses bancs pour des cours de droit, d'histoire, d'horticulture et de commerce. A la fin des trois mois, ils obtiennent un certificat, mais pas de diplôme, l'Etat fédéral ne reconnaissant pas la formation.

Descente du FBI

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L'idée est née il y a dix ans dans la tête du militant pro-cannabis Richard Lee. Avec la légalisation de l'usage médical de la marijuana en Californie en 1996, le besoin de formation se fait sentir. L'université se lance officiellement en 2007 et s'étend rapidement, avec cinq bâtiments à Oakland, des branches à Los Angeles, dans le Michigan… Mais en 2012, le FBI saisit la totalité de son matériel. Aucune infraction n'est retenue contre l'équipe de direction, mais la réputation de l'université prend un coup.

« Cette période est désormais derrière nous », assure Aseem Sappal, le doyen de la faculté, qui se balade avec un « hoodie » siglé avec le blason de l'université - des feuilles de cannabis dorés entourant un écusson vert. L'institut essaie désormais de se présenter comme un maillon essentiel pour opérer le passage du marché noir à une industrie régulée. « Il y a une grande demande pour plus de professionnalisme. Il faut tout connaître, des règles sur les labels aux dosages autorisés », souligne Aseem Sappal.

Comités du Sénat

Depuis deux ans, les autorités font même partie des élèves. Aseem Sappal tend une longue liste de clients pour qui l'université conçoit des séminaires sur mesure : les équipes de plusieurs comités du Sénat, du lieutenant-gouverneur de Californie, du département de la santé de l'Etat de Floride…

La majorité des étudiants restent cependant des jeunes voyant dans cette nouvelle industrie des opportunités inégalées. Jake Cheves a récemment laissé tomber sa troisième année de licence en commerce international au Texas, pour venir étudier ici dans l'espoir de devenir cultivateur. « J'ai commencé à faire pousser de la marijuana dans mon appartement pour ma consommation personnelle et ça m'intéressait bien plus que les cours à l'université », rigole-t-il.

L'université attire même des jeunes n'ayant jamais fumé d'herbe comme Shan, étudiant en santé publique à l'université de Berkeley. Ce jeune homme de dix-neuf ans voit dans la marijuana un moyen d'aider les consommateurs de drogues dures à se sevrer.

Face à l'engouement, les universités traditionnelles commencent à se pencher sur le sujet. Pour le moment, elles s'aventurent encore à tâtons, car elles craignent de perdre leurs financements fédéraux. Northern Michigan University a lancé une licence en quatre ans au sein de son département de chimie l'année dernière. « Nous sommes passés d'une cinquantaine d'étudiants à 232 cette année. Et nous avons reçu 1.000 candidatures », indique Mark Paulsen, le président du programme.

Correspondante à San Francisco

Anaïs Moutot   

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